Qu’est-ce que c’est que CA ?



Depuis près de 40 ans, les livres du grand maître de l’horreur, Stephen King, font régulièrement l’objet d’adaptations cinématographiques. Parmi les plus célèbres, on retrouve bien sûr Carrie de Brian de Palma, The Shining de Stanley Kubrick, Dead Zone de David Cronenberg ou encore Misery de Rob Reiner. Cette semaine, c’est l’un des personnages les plus emblématiques de l’écrivain qui réapparait dans les salles de cinéma. Il s’agit de l’horrible Pennywise (ou « Grippe-Sou »), le clown tueur d’enfant, qui avait hanté les pires cauchemars des téléspectateurs en 1986, lors de la première adaptation du roman sous forme de mini-série et en 1990 lors de son adaptation au cinéma.

Ça raconte l’histoire d’une bande de jeunes (le club des losers) qui décide d’enquêter sur les disparitions fréquentes et anormales d’enfants dans la petite ville de Derry. L’un d’entre eux, Bill (interprété par Jaeden Lieberher, que l’on a pu voir dans le très bon Midnight Special de Jeff Nichols), est personnellement touché par ces événements car son petit frère, Georgie, est porté disparu depuis un an. A l’école, le club des losers fait l’objet de railleries, de moqueries et d’humiliations. Mais en-dehors, les losers partent à l’aventure, font preuve de courage et sont prêts à tout, même à affronter le terrible Grippe-Sou, pour élucider les mystères de Derry et retrouver Georgie.



Le cinéaste québécois Xavier Dolan a qualifié Ça de « film du siècle ». Malgré tout le respect que nous lui devons, cette affirmation est quelque peu fantaisiste. Si les acteurs et certains thèmes abordés parallèlement à l’intrigue ont suscité notre enthousiasme, le sentiment d’horreur, d’effroi, qui est pourtant le but premier du film, n’éclot pas à un seul moment (ou très peu). Comme beaucoup de films d’horreur d’aujourd’hui, Ça mise sur le rythme effréné des plans, des jump-scares et des musiques assourdissantes. A tout cela, rajoutez également des tas d’effets spéciaux, des zombies, des poches de sang « en veux-tu, en voilà » et une maison hantée on-ne-peut-plus-cliché. Toute cette surenchère ne sert pas le film, au contraire. La tension ne s’installe pas. Très vite, les apparitions surprises du clown et les plus grandes peurs des enfants deviennent prévisibles et l’on se lasse. Hitchcock disait que l’angoisse existe lorsque l’on laisse une certaine place à l’imagination du spectateur. On lui donne certaines informations sensibles et puis on le laisse dans l’attente d’un événement surprenant, ce qui fait terriblement grimper le suspense. C’est cette technique que Kubrick a utilisée dans The Shining, où le labyrinthe de l’horreur se construit petit à petit, laissant place à un final inoubliable et des plus terrifiants…


La force de Ça réside plus dans les personnages et leurs différents récits personnels. Les enfants sont au centre du film et semblent vivre dans un monde où les adultes ont abandonné. Bill se sent coupable d’avoir laissé son frère jouer tout seul. Il parvient à mobiliser ses amis et prend la tête de la bande. Les kids de Ça entrent dans une période de transition, la préadolescence. Certaines répliques, notamment celles lancées par Richie (interprété par Finn Wolfhard de Stranger Things) sont de vraies pépites hilarantes. Certaines situations drôles de gêne et de maladresse vécues par les personnages, qui ne sont pas sans rappeler Stand By Me (1986), donnent un tout autre aspect au film. Le film surf sur la vague très actuelle des nineties façon Stranger Things. En voulant participer à cette mode du nostalgique, Ca tombe dans la facilité. De plus, il n’effraie pas vraiment et n’apporte rien d’original au cinéma d’horreur d’aujourd’hui.

Ca (It)
de Andy Muschietti 
USA (2017)

Eléonore Colson 




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