LE FIDELE : Haletant mais peu surprenant



Après un détour aux « States », Michael Roskam, le réalisateur de Rundskop (Bullhead), revient avec Le Fidèle, un thriller qui se déroule à Bruxelles. Gino (Matthias Schoenaerts) tombe amoureux de Bibi (Adèle Exarchopoulos). Bibi fait de la course automobile et ignore la vraie profession de son compagnon. Sous ses allures hollywoodiennes, Le Fidèle raconte une histoire d’amour impossible sans véritable recherche d’originalité. 

Le film commence par un souvenir d’enfance. Le jeune Gino s’enfuit de chez lui alors que son père menace de lâcher ses chiens à sa poursuite. Cette scène n’est pas sans rappeler Rundskop et son traumatisant épisode de castration. Si cette ouverture est réjouissante, il est dommage que Roskam ne choisisse pas d’exploiter l’enfance de Gino par la suite. Cette introduction à la jeunesse du personnage perd alors de son intérêt et reste trop faible pour comprendre les agissements du protagoniste. L’histoire ne s’attarde pas non plus sur la rencontre entre Gino et Bibi mais préfère avancer vers de multiples rebondissements parfois peu crédibles et trop calculés, si bien que l’émotion se perd. Malgré des performances impeccables des deux acteurs, le récit s’égare et appauvrit les personnages.

Si les deux grands acteurs du film s’en sortent à merveille, ce n’est pas le cas de la distribution secondaire. Entre cliché belge et énergie à zéro, les acteurs ayant le privilège de donner la réplique aux deux stars décrédibilisent une grande partie du récit (erreur de casting ou d’écriture, voire sûrement des deux). Ce qui est d’autant plus décevant lorsqu’on se rappelle la performance mémorable de Jeanne Dandoy en vendeuse de parfums dans Rundskop.



Roskam ne perd pas pour autant son esthétique et son talent pour faire monter la tension.  Il continue dans cette lignée en proposant un film noir et sans espoir. Roskam maîtrise le genre et sait captiver le spectateur, notamment grâce à une bande-son glaçante. La ballade esthétique n’est pas sans intérêt et la direction photographique est cohérente. Et puis, ça fait toujours plaisir de voir Bruxelles à l’écran et d’entendre des expressions flamandes (encore plus de la bouche d’Adèle Exarchopoulos).

Le Fidèle a été sélectionné pour représenter la Belgique aux Oscar, ce qui semble justifié au regard du faible niveau de certaines productions belges récentes (Even Lovers Get The Blues, Sonar). Il n’a cependant pas l’étoffe d’un grand film. Le dernier acte du récit, qui contribue à sa longueur, gâche le plaisir et l’excitation suscités au début du film. Roskam commet une erreur terrible en continuant une histoire qui semble terminée après le deuxième acte. La fin pousse le film et les personnages dans du sentimentalisme et quelques mièvreries. A trop vouloir en faire, ce qui est acquis se perd. Dommage. Haletant mais peu surprenant.


Le Fidèle
Michaël R. Roskam
Belgique 
Sortie : 04/10/2017 



Clotilde Colson

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