120 BATTEMENTS PAR MINUTE: L'art de la révolte




Dans les années 1990, Act Up Paris se battait pour des traitements, pour sauver les jeunes de l’épidémie du sida. Cette époque, le réalisateur Robin Campillo l’a vécue. En 1992, il intègre Act Up et participe alors aux nombreuses manifestations. Aujourd’hui réalisateur, Campillo remporte le Grand prix au Festival de Cannes avec 120 battements par minute.

Le film commence dans les coulisses d’une manifestation prête à exploser. Dès le début, Campillo nous plonge à l’intérieur des actions du groupe. Il prend le parti de ne pas nous placer comme spectateur mais de nous rapprocher au maximum du cœur des combats menés par ces jeunes. Plusieurs scènes de rassemblement dans des amphithéâtres dévoilent les mécanismes internes à l’organisation. Car c’est à ces instants que tout s’écrit, se pense. Que le combat prend réellement vie. La plupart des jeunes présents sont séropositifs, ils souffrent de l’urgence. Tout doit aller vite car le temps manque.

Outre les combats militants, c’est une histoire d’amour que raconte le film. Shean (Nahuel Perez Biscayart) est séropo et tombe amoureux de Nathan (Arnaud Valois), jeune membre d’Act Up dépisté négatif. Alors que l’amour grandit entre les deux jeunes, les corps s’affaiblissent. L’immersion continue pour le spectateur dans la vie de ce jeune couple hors des réunions. Spectacle du désir et du plaisir, la cause de la maladie. Les ballets amoureux deviennent de tristes danses macabres. Impossible de ne pas assimiler les scènes d’amour à l’origine de leur disparition précoce.





Il a fallu plus de neuf mois à Robin Campillo pour réunir son casting. La chose n’était pas aisée au vu de l’investissement dont les comédiens devaient faire preuve. Campillo joue avec les corps. Les corps se révoltent, s’effleurent, se cristallisent. Entre deux réunions hebdomadaires, les jeunes sortent en boite et se déchaînent sur Jimmy Somerville. Pour ensuite crier justice le poing en l’air. Où qu’ils soient, ces jeunes sont toujours en groupe. L’alchimie opère pour effacer les personnalités au profit de la cause. Pour cela, Campillo a pu compter sur de brilliants jeunes acteurs : Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel ou encore Antoine Reinartz.

120 battements par minute évite tous les pièges du film historique. Malgré sa réalité et son témoignage, Campillo nous entraîne dans un combat qui ne semble pas finit. Il ne s’agit pas ici d’un film sur le sida uniquement. Ces jeunes portent le message d’une génération en quête de reconnaissance et d’acceptation. Cette force de caractère fait de ce film dit « historique », une œuvre intemporelle.



120 Battements par minute
de Robin Campillo
2017


Clotilde Colson. 

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