CALL ME BY YOUR NAME : le temps de l’amour
Premier coup de cœur de l’année. Quelque part
dans le nord de l’Italie durant l’été, Elio fait la rencontre d’un
universitaire américain plus âgé. Call Me
by Your Name est une ballade ensoleillée aux côtés d’Elio (Timothée
Chalamet), qui tombe amoureux d’Oliver (Armie Hammer). Nommé dans plusieurs
catégories aux Oscars, le film dont tout le monde parle est une vraie bombe
émotionnelle.
Peu de choses (ou trop) de choses à dire à
propos du jeu de Timothée Chalamet, jeune talent franco-américain, qui affirme
une personnalité forte à l’écran et une aisance avec son corps très rare pour
un jeune acteur. A côté de lui, le pourtant charmeur Armie Hammer reste plutôt
effacé. On pourrait dire que Timothée est né pour devenir acteur, vu la
précocité de sa carrière : danseur au National
Dance Institute à New York à 7 ans, puis comédien à Broadway alors qu'il côtoie Ansel Elgort sur les bancs d'une école de théâtre, avant
d’apparaître dans la série Homeland et
le film Interstelar. Pour Call Me by Your Name, le jeune acteur
offre une prestation très personnelle et non formatée.
L’évolution au cours du récit du personnage d’Elio
est époustouflante, car Chalamet arrive à nous faire accepter de plus en plus
de choses de la part de ce jeune garçon. Au début du film, l’histoire d’amour
entre les deux garçons semble presque impossible. Puis, petit à petit, Elio se
dévoile et se libère. La caméra se rapproche de son personnage et en saisit
toutes les nuances. L’alchimie entre les deux garçons est parfaite et peu de
choses suffisent pour que l’histoire fonctionne.
L’ambiance du film et son décor estival résonnent comme un hommage au cinéaste français Éric Rohmer. Les personnages se
désirent, se tournent autour et discutent en profitant du soleil. Tout comme
dans certains films de Rohmer, comme Le
Genoux de Claire, les relations s’établissent lentement et avec beaucoup de naturel. La
lenteur de Call Me by Your Name
pourrait être perçue négativement par certains spectateurs, mais elle fait un
bien fou dans un paysage cinématographique qui nous bombarde d’images. C’est un
moment hors du temps, loin de tout stress. Le film se recentre sur l’essentiel
de l’histoire, sur l’émotion et le désir. Il ne court pas après les péripéties
ou l’originalité des situations. Luca Guadagnino met en scène cette histoire
d’amour avec beaucoup de délicatesse et de respect pour ses personnages. Là où
le scénario excelle également, c’est dans le traitement des obstacles, qui ici
sont toujours internes à Elio, et ne s’engouffre pas dans un sadisme envers son
protagoniste. Pas de spoil à l’horizon, n’ayez crainte, mais une scène
concernant Elio et son père vers la fin du film marque une fois de plus
l’honnêteté et la justesse de ton de ce récit.
Luca Guadagnino n’a pas peur d’oser les
fondus enchaînés tout le long de son film, donnant un aspect vintage dans l’esprit des eighties,
l’époque du récit. D’origine italienne, il filme son pays et ses couleurs d’été
à merveille. La bande originale du film est également remarquable et
profondément en adéquation avec l’histoire et ses émotions. Mention spéciale
pour les chansons de Sufjan Stevens qui subliment le jeu de Timothée Chalamet.
Call
Me by Your Name mérite
toutes ses nominations aux Oscars et Golden Globes. Il est même dommage pour le
jeune Timothée Chalamet que les prix prestigieux ne soient accordés qu’à
d’autres « grands » acteurs, peut-être à cause de son jeune âge ou de
son surplus d’audace. Le film de Luca Guadagnino est une pure histoire d’amour,
l’une des plus touchantes au cinéma ces dernières années. Le geste est simple,
le propos est sincère et l’on voudrait que l’amour dure toujours.
Call Me By Your Name
de Luca Guadagnino
Italie-France-Brésil-USA (2018)
Actuellement au cinéma!
Clotilde Colson
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