MEKTOUB, MY LOVE : CANTO UNO : Les beaux jours


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Appréciation : ****

Mektoub, my love : Canto Uno ne cherche rien d’autre que montrer la vie. La jeunesse est belle, parfois frivole et légère, mais fascinante. La caméra tourne et laisse ses acteurs vivre et s’aimer. Tout paraît si naturel, que l’on se demande si Mektoub est bel et bien une fiction.

Amin (Shaïn Boumedine) est un jeune Sétois qui, après un an de médecine à Paris, rentre chez lui le temps des vacances. Amin est le reflet du spectateur : il est l’observateur. C’est presqu’à travers ses yeux que nous découvrons Ophélie (Ophélie Bau), sa meilleure amie, qui semble ne pas le laisser indifférent. C’est là où Kechiche démontre la force des anti-règles narratives. Le protagoniste peut être passif, observateur, éloigné des conflits. Dans ce portrait de jeunesse ultra réaliste, Amin est un personnage intéressant par son incapacité à agir sur sa vie. Il est à la fois au cœur des histoires, tout en n’y participant jamais. Ces histoires, ce sont celles d’Ophélie, de Tony (Salim Kechiouche) ou de Charlotte (Alexia Chardard). Amin, lui, sait des choses, écoute ou conseille, mais n’est jamais vraiment concerné par les maux des autres. Pourtant, c’est dans les yeux d’Amin que se lisent le désir et l’amour. Mais il reste silencieux, à attendre que l’été tienne ses promesses, à attendre qu’il se passe quelque chose.

Kechiche s’est trouvé un double en Shaïn Boumedine, comme un reflet de lui il y a 20 ans. Il compte d’ailleurs continuer à faire tourner ce jeune acteur durant les vingt années qui viennent. Le génie de Kechiche réside inévitablement dans la direction de ses acteurs. Il révèle de jeunes actrices et acteurs au public comme Adèle Exarchopoulos (La Vie d’Adèle), Sara Forestier (L’Esquive) ou Hafsia Herzi (La Graine et le Mulet). Mais ce qui est sûr, c’est que ses actrices et acteurs ne seront jamais aussi bons que sous la direction de Kechiche.



Mektoub, My love n’est pratiquement porté que par de jeunes acteurs débutants. Seuls Afsia Herzi et Salim Kechiouche avaient déjà tourné pour Kechiche. Dans ce film ce n’est pas un, mais quatre jeunes talents qu’il révèle : Shaïn, Ophélie, Lou et Alexia. Aucun d’entre eux n’avaient déjà tourné dans un film. L’alchimie est parfaite entre les quatre jeunes et efface toute trace de jeu et d’écriture. Mektoub est une immersion de presque trois heures aux côtés de ces ados à qui l’on s’accroche, qu’on apprend à connaître et dont on partage les vacances et les découvertes.

Kechiche augmente encore le réalisme en écartant toute technique narrative, tout bricolage cinématographique. Ce qui l’intéresse, c’est l’instant présent. À un moment de l’histoire, Amin reste des heures avec son appareil photo dans un enclos afin de capturer la naissance d’un agneau. Il attend que les choses se passent pour les capturer.



Le désir est omniprésent dans Mektoub. La caméra suit les corps des jeunes filles, les déshabillent du regard mais ne leur manque jamais de respect. Amin est entouré de belles filles extravagantes. L’été amène l’amour et la drague mais pas que. Mektoub est aussi un film sur une famille. Amin retrouve sa mère, sa tante et ses cousins au restaurant tunisien familial. Charlotte et Céline (Lou Luttiau) intègrent cette grande famille le temps d’un été.  Ce ne sont pas seulement des vacances, mais des retrouvailles pour certains, des amours naissants pour d’autres et des déceptions, comme toujours lorsque l’été se termine trop tôt.


Mektoub, My Love: Canto Uno 
d'Abdellatif Kechiche 
France (2018) 





Clotilde Colson




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